Réunis dans les locaux de l’association La Graine à Haguenau, enfants, ados, parents et grands- parents n’ont pas cerné de décalage générationnel lorsque la cuisinière a annoncé préparer des crêpes pour les enfants : ne sommes-nous pas tous les enfants de nos parents ? ….
L’engouement vis-à-vis des crêpes et autres mets du brunch a été comparable lors de la discussion philosophique à laquelle chacun a pu participer, guidé par l’animatrice Nelly Margotton, fondatrice du cabinet Phédon.
Introduire par l'image
Pour démarrer, nous avons commencé à commenter l’affiche réalisée par Philippe Schoen, en collaboration avec l’Intelligence Artificielle, qui a servi de support de communication :
« Que pourraient dire ces personnages s’ils posaient livre et téléphone et se retournaient l’un vers l’autre ? » fut la question posée aux participants.
On a évoqué l’idée d’un bonjour, d’un croisement de regards, de sourires, d’une discussion sur leur lecture qui peut-être… était la même sur un support différent, sur l’avenir et le passé….
Puis la discussion s’est poursuivie en 2 temps :
1er temps : ce qui sépare les générations et semble créer des décalages
Nous avons commenté des citations parmi lesquelles :
« Dire que quand nous serons grands, nous serons peut-être aussi bêtes qu’eux ! » Louis Pergaud, auteur de La Guerre des Boutons (1882-1915)
« La jeunesse actuelle est pourrie jusqu’aux tréfonds, mauvaise, irréligieuse et paresseuse. Elle ne sera jamais comme la jeunesse du passé et sera incapable de préserver notre civilisation »
(texte trouvé sur une tablette d’argile babylonienne dont l’âge est estimé à plus de 3000 ans)
Ces décalages semblent constatés à toutes les époques… nous avons tenté de trouver des hypothèses pour les clarifier et aboutir à une définition commune de ce qu’est une génération :
« communauté d’expériences partagées au même moment mais vécues avec des nuances en fonction d’éléments sociologiques, psychologiques, de lieux de vie, d’âge… »
Les médias parlent de génération X, Y, Z, etc… Ces catégories n’ont-elles pas tendance à trop simplifier ?
Différents regards (tous les âges) se sont croisés pour comprendre cette différence de perception de notre monde, les enfants osant plus critiquer leurs profs que leurs parents présents et les adultes insistant beaucoup sur la question de la place de l’éducation.
2ème temps : nous nous sommes demandés comment envisager de créer plus de connivence entre ces générations ...
La culture a été souvent évoquée et nous a permis de faire une présentation des conceptions de Hannah Arendt , qui dans La Crise de la culture, insiste beaucoup sur la transmission de la culture et la présente à la fois comme une fondation pour construire pour chacun son rapport au monde : connaître la culture pour pouvoir se positionner vis-à-vis d’elle, édifier un monde nouveau…
Ce passage était sans doute un peu plus compliqué pour les enfants : nous avons aussi fait circuler un livre plus adapté à leur âge de la collection « Les petits Platons » qui propose un conte Le petit Théâtre d’Hannah Arendt, écrit par Marion Muller-Colard. accessible en lecture accompagnée dès 9 ans puis en lecture autonome vers 12 ans.
Avant de partir, chacun a été invité à s’écrire une petite lettre ou se préparer un dessin, une illustration, la mettre sous pli…. et la recevoir par la poste dans un mois !
Ce premier brunch philo intergénérationnel a suscité beaucoup d’enthousiasme et a permis de mettre en évidence nos propres préjugés sur les différences de perceptions, à les interroger, les remettre en perspective.
